Dans la série «à la découverte des rues de notre village», cette année, je vais vous faire parcourir la Rue des Ponts.
Commerçante et animée, elle est devenue, au fil des années, une simple jonction entre la grande Rue et la Route de Nevers. Pourtant il fallait la connaître dans les années 70, bordée de commerces, avec des boutiques qui n’avaient rien à envier à celles de la Grande Rue toute proche. Nous allons donc partir de cette grande Rue pour rejoindre la Rue de Saint Germain.
Pour se faire, nous passerons d’un côté à l’autre afin de ne rien oublier de son histoire.
Rue des Ponts, ce nom fut une évidence : avec trois ponts sur sa petite longueur, elle ne
pouvait s’appeler autrement…Le premier pont permet l’écoulement des eaux de la turbine d’un moulin que nous découvrons sur notre droite.
Appelé «Moulin de Jouet», il fut baptisé par les Jouettois, «le Petit Moulin» et, au cours des siècles, il changea 3 fois de destination : moulin à tanner le cuir au Moyen Âge, il devint moulin à blé puis fut converti, dans les années 50 en blanchisserie industrielle. Des centaines de tonnes de vieux vêtements furent transformés, après lavage et découpe, pour l’industrie mécanique.
Des travaux importants furent effectués sur cet ouvrage, l’écoulement des eaux fut modifié et l’abreuvoir qui était utilisé par les animaux ayant disparu à l’occasion des travaux, les WC publics retrouvèrent une nouvelle jeunesse (reperdue depuis.)
Le deuxième pont a gardé son aspect initial, une grande arche en maçonnerie sous laquelle coulent lentement le trop plein du bief et le petit ruisseau aménagé qui suit le tracé du Canal du Berry.
Le troisième pont était positionné sur ce canal, face au parking poids lourds, sur le tracé exact de la rue.
Construit lors de la création du canal, c’était un pont métallique qui reposait sur deux culées de maçonnerie de pierres taillées et il fut détruit par les troupes Allemandes lors de leur repli vers Nevers en août 1944. Reconstruit à l’identique, il fut, une nouvelle fois, supprimé en 1967 pour remettre la rue au niveau du canal, lui-même éclassé en 1955 puis remblayé et nivelé en 1966 : ceci pour donner au quartier une nouvelle destination.
Reprenons notre balade dans cette rue qui fut plus commerçante que vous ne le pensez et, pour débuter la promenade, de chaque côté, un débit de boissons : à droite, l’Auberge du Cheval Blanc, tenue par Mme Vauvre dont le mari, Robert était forgeron.(sa forge était attenante au bâtiment du moulin). En face, à gauche, l’Hôtel du Laboureur dont il reste encore la façade. Je vous ferai grâce du nom de tous les propriétaires au fil des années mais je ne peux ignorer celui de la famille Carlésimo : Nénette et Emile, à elle les fourneaux et à lui le bar et le service en salle ! C’était au moment où Jouet offrait, au sein de ses entreprises quelques 900 emplois ! Si les chambres de l’hôtel n’étaient pas occupées tous les soirs, il n’en était pas de même pour le restaurant et le bar : 40 à 50 repas étaient servis tous les jours, dans une chaude ambiance, où Emile avait toujours une bonne histoire à raconter. Quand la retraite a sonné, M. et Mme Boussange prirent la relève et, à la fin de leur carrière, l’activité ayant déjà diminué, ce sont leurs repreneurs qui ont été obligés de procéder à la fermeture. Transformé en habitation, ce bâtiment est devenu triste, comme s’il n’acceptait pas cet abandon après tant de jours heureux et l’ambiance qu’il avait partagés avec les Jouettois.
Tout à côté se trouvait la charcuterie fine de M. et Mme Mollet, reprise par M. et Mme Chapuzet, j’ai bien dit charcuterie «fine» : réputée dans la région et sur les marchés car tout était réalisé à l’ancienne.
En face, la porte centrale du pignon du Cheval Blanc donnait accès au salon de coiffure de Mme Gorgeon (la Jeanette) avant qu’elle ne déménage vers la Rue de la Chapelle.
Juste avant le premier bras de l’Aubois, dans la grande maison à étages, se tenaient l’habitation et le cabinet de notre docteur, Paul Bruguière, un médecin de campagne que personne n’a oublié ! Avec sympathie, un grand nombre de Jouettois le surnommait Popaul : il connaissait toutes les familles et se déplaçait en toutes circonstances, de jour comme de nuit car le SAMU n’existait pas à l’époque. En plus de ses consultations, il pratiquait la petite chirurgie (ce qui se fait à l’hôpital de nos jours) : peu de Jouettois ont échappé à son aiguille experte quand il s’agissait de suturer des coupures et des plaies. Les accouchements étaient aussi son domaine ainsi que les visites de la médecine du travail dans les 3 grandes entreprises locales et la cimenterie de Beffes : tout cela ne lui laissa que peu de temps pour lui et sa famille…
Maintenant nous avons du mal à croire qu’il pouvait faire face à toutes ces pathologies et c’est sûrement pour cela que les personnes qui l’ont connu ne l’ont jamais oublié.
Passé le premier pont, à droite, la descente de la Rue de l’Île, le bâtiment situé entre les deux rues était la boulangerie de M. Mallet (à cette époque il y avait 3 boulangeries à Jouet), il vendit à M. et Mme Sel qui ne restèrent pas très longtemps. C’est à ce moment que les deux autres boulangers s’unirent pour racheter et détruire le four afin de réduire la concurrence (cet épisode de la vie Jouettoise s’est reproduit il y a environ 10 ans quand M. et Mme Boizard, boulangers pâtissiers, achetèrent la deuxième boulangerie, Rue de la Chapelle, pour la fermer).
Si cette méthode est radicale pour supprimer la concurrence, elle a aussi pour inconvénient de détruire le commerce local. Cette boutique devint le magasin d’électroménager de M. Courbois puis de l’un de ses employés, M. Thomas (plus connu sous le nom de Popeye) et maintenant, l’ensemble du bâtiment est transformé en logements. |
Entretenue régulièrement et ayant bénéficié, en 2017, de l’accessibilité pour les personnes handicapées, cette Gendarmerie devient, du jour au lendemain, inutilisable. Je vais digresser un peu mais je suis, comme beaucoup de Jouettois, surpris par une telle décision des services de la Gendarmerie surtout quand nous voyons l’accès au nouveau bureau par un escalier de 16 marches…Un projet de construction d’une nouvelle Gendarmerie est en cours et j’espère que le fait de ne plus vouloir utiliser les locaux actuels ne soit pas une façon détournée de supprimer pour de bon notre Gendarmerie. |
Gaston Cornette